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Rencontrez Johann Maître et Lucie Favre-Bulle, deux interlocuteurs engagés pour le projet SwissRenov.
Dans cette interview, le duo formé par Lucie Favre-Bulle et Johanne Maître nous présente l'entreprise pour laquelle ils s'investissent et de leur implication au sein du projet SwissRenov, un Flagship soutenu par Innosuisse et qui compte 30 autres partenaires engagés.
Mme Favre-Bulle, M. Maître, pouvez-vous nous présenter l’entreprise pour laquelle vous travaillez ?
Timbatec ingénieurs bois SA est un bureau d’étude d’ingénierie en génie civil spécialisé dans la construction bois. Entreprise leader dans ce domaine, ses cinq bureaux en Suisse et celui de Vienne en Autriche offrent des prestations en statique et construction, protection incendie, physique du bâtiment et direction de travaux.Le bureau de Delémont, ouvert en 2021, est en charge des projets pour la Suisse romande.
En quelques mots, quels sont vos parcours, vos expériences professionnelles ?
D’un apprentissage en menuiserie à chef d’atelier, Johann a travaillé durant 13 ans dans la menuiserie à St-Ursanne. Il décide ensuite de passer son Bachelor of Sciences en technique du bois à la BFH, Bienne. Il réalise son stage chez Timbatec, dans les bureaux de Berne où il devient responsable pour la Romandie. Très attaché au Jura, il ouvre en 2021 la succursale de Delémont. En tant que chef de projet pour l’ingénierie du bois il a pris part à de nombreux projets tels que la nouvelle patinoire d’Ajoie et du Clos du Doubs à Porrentruy, l’école primaire du Plateau de Diesse construite à Prêles, le futur centre St-Germain à Delémont ou encore la nouvelle école de Courrendlin. Il continue également de se former ; dans l’évaluation d’ancienne structure bois, en génie parasismique appliqué au bois et obtient son brevet fédéral en protection incendie.
Après un diplôme de Technicien en génie mécanique et productique, Lucie se tourne vers la construction bois à l’Ecole Supérieure du Bois, en France. Pour approfondir ses connaissances, elle part en double-diplôme à la BFH, à Bienne, pour suivre le Master of Sciences – Technologie du Bois et sa spécialisation Structures Complexes en bois. En parallèle de sa deuxième année de Master elle réalise son stage chez Timbatec à Delémont et y travaille depuis en tant qu’ingénieure bois.
Quelle a été votre motivation à rejoindre le projet SwissRenov ?
Nous avons rejoint ce projet pour soutenir le développement d’une construction plus durable de manière générale en apportant notre expertise et nos connaissances sur l’utilisation du bois dans la construction et ses possibilités de mise en œuvre.
Il s’agit également pour notre bureau d’élargir ses relations et de découvrir de nouveaux partenaires.
En quoi le projet SwissRenov est-il une opportunité pour vous ?
Le projet SwissRenov présente une opportunité concrète de contribuer à développer la réutilisation et le réemploi, des lieux et des éléments de construction. C’est également l’opportunité de mettre en pratique nos compétences en analyse de structure bois et de pouvoir collaborer avec de nouveaux partenaires engagés sur ces sujets. Nous espérons également pouvoir valoriser nos friches industrielles et de pouvoir les réexploiter dans des conditions optimales et en limitant au maximum notre empreinte carbone.
Dans quel sous-projet de SwissRenov êtes-vous partenaire ?
Nous sommes partenaires dans trois sous-projets :
- Le SP3 pour la modélisation des bâtiments et la circularité des ressources,
- le SP4 pour une solution d’aide à la décision pour la revalorisation des ressources, et
- le SP6 pour développer des modèles de planification et de reconstruction durables, économiques et circulaires.
En quoi votre implication va consister ?
Nous sommes dans le projet pour apporter notre expertise en construction bois, en physique du bâtiment et en protection incendie. En tant que spécialiste de l’utilisation de ressources locales et selon l’exemple de la patinoire de Porrentruy, nous pourrons définir précisément quels produits peuvent être utilisés et sous quelles conditions.
Qu’allez-vous ou avez-vous déjà mis en place dans votre entreprise,en lien avec la durabilité ?
Tous nos bureaux sont situés à moins de 10 minutes à pied d’une gare ce qui permet de faire la majorité de nos déplacements professionnels en transports en commun. Nous encourageons nos collaborateurs à venir travailler en utilisant les mobilités douces et ou le train au maximum. La plupart de nos déplacements professionnels se font à l’aide des transports public, une large gamme d’abonnements aux réseaux de voiture Mobility nous permets de finaliser nos trajets depuis les gares jusqu’à nos chantiers.
Quel impact pensez-vous pouvoir apporter au tissu économique jurassien au travers du projet SwissRenov ?
Nous pensons pouvoir aider à valoriser d’anciens bâtiments et démontrer par des exemples concrets ce qui peut être réalisé en construction bois.
Qu’attendez-vous de ce projet, à l’issue des 4 ans ?
Nous espérons que ce projet permettra de donner des exemples concrets sur les solutions possibles pour réhabiliter des bâtiments, réemployer des éléments de construction, revaloriser des matériaux et préserver des ressources. Plus spécifiquement, pour les entreprises actives dans l’architecture, la construction, la rénovation, les matériaux.
Quels sont les principes fondamentaux, les valeurs que vous appliquez lors de la conception et de la réalisation de projets de construction durables ?
Lorsque que nous participons à la conception d’un bâtiment ou d’une structure, nous cherchons toujours à utiliser le bon matériau au bon endroit et pour un usage approprié. Nous optimisons les volumes ; de bois, de colle, d’éléments d’assemblages, promouvons l’utilisation de matériaux durables et certifiés au maximum.
Comment intégrez-vous les considérations environnementales dans vos décisions de conception et de construction ?
Lors du choix des matériaux, une réflexion sur leur impact environnemental, leur énergie grise, leur durabilité, leur provenance ou encore leur production est menée. Nous favorisons des matériaux biosourcés, produits localement si possibles, nous réfléchissons à la pertinence des matériaux choisis selon leur application dans le projet comme l’utilisation de bois lamellé-collé ou de bois massif. Toutefois, la réglementation des marchés publics limite notre influence sur le choix des matériaux et leur origine.
Comment gérez-vous les déchets de construction et favorisez-vous le recyclage sur vos chantiers ?
Nous cherchons à limiter les déchets de construction lors des phases de conception des ouvrages, en informant les architectes, en cherchant à nous adapter aux dimensions des produits de proposés pour utiliser leur totalité. Depuis plusieurs années nous essayons également de développer des éléments d’ouvrages qui soient démontables dans l’objectif de pouvoir réutiliser les divers éléments si l’ouvrage devait être démonté ou de pouvoir remplacer un élément suite à un dommage ou pour une modification de l’ouvrage afin de prolonger la durée d’utilisation de celui-ci.
Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de projets où vous avez réussi à intégrer des solutions durables de manière efficace ?
Un premier exemple de solution durable est l’utilisation du propre bois dans un projet. C’est le cas pour les nouvelles écoles de Prêles, Marly, Corbières, l’extension de celle de Courrendlin ou encore la patinoire de Porrentruy. Utiliser le bois des communes permet de garantir l’utilisation de bois suisse, transformé par des acteurs locaux et de limiter l’impact des transports tout en certifiant les conditions d’exploitation du bois. Pour la patinoire, une autre solution durable développée à été d’utiliser au maximum du bois massif pour les tribunes notamment au lieu de bois lamellé-collé afin de réduire les volumes de colle.
Un autre exemple de solution durable mise en place de manière efficace est l’utilisation de bois bleu. Ce bois, issu d’arbres attaqués par le scolyte, conserve toutes ses propriétés mécaniques mais présente un aspect visuel bleui. Il est donc tout à fait possible de s’en servir sans que cela n’affecte la structure. Le plus souvent il est utilisé dans les parties non-visibles mais dans certains bâtiments son aspect bleui est mis en valeur dans des parties visibles. C’est le cas pour la maison intergénérationnelle de la Mooseggstrasse à Langnau par exemple.
Quels sont, selon vous, les goulots d’étranglement dans l’intégration des valeurs de durabilité dans les projets de construction actuels ?
Actuellement l’intégration des valeurs de durabilités est freinée par l’aspect financier, les lobbys, les standards de construction et les habitudes qui mettent du temps à changer. Certaines entreprises cherchent toujours à maximiser les profits à court termes sans intégrer des réflexions globales sur la durabilité, des calculs de rendements de locatifs basés sur d’anciennes méthodes plus actuelles.
Comment pourrait-on améliorer cette situation ?
Continuer de proposer des formations, de monter et de mettre en avant des projets et des constructions en lien avec la durabilité va permettre de modifier petit à petit les mentalités et les standards de construction.



